Aux origines du cirque
Le premier cirque traditionnel a été fondé en 1768 par Philip Astley, militaire anglais, cavalier et dresseur de chevaux. Les influences militaires se retrouvent dans la figure et le costume du Monsieur Loyal, ainsi que dans la présence de fanfare et bien sûr, des chevaux. Lors de son temps libre, Astley a l’idée de rendre spectaculaires les exercices classiques de manège, le cirque traditionnel est né. Ce dernier se caractérise par le chapiteau, la piste, une série de numéros indépendants animés par un Monsieur Loyal, la présence d’animaux et d’un orchestre.
En tant que dresseur de chevaux, Astley fut à l’origine du diamètre de toutes les pistes de cirque : 13 mètres, taille de la chambrière (fouet utilisé par les dresseurs de chevaux).
De 1780 aux années 1960, le cirque est très populaire, beaucoup de cirques en dur sont créés dans le nord de la France, par exemple le Cirque d’Hiver à Paris, le Cirque-Théâtre d’Elbeuf, le Cirque Jules Verne à Amiens, le Cirque de Châlons-en-Champagne.
A l’origine, la pratique du cirque était presque exclusivement réservée aux personnes nées dans le monde du cirque. Les connaissances se transmettent alors de parents à enfants, créant ainsi les lignées familiales célèbres du cirque traditionnel au XXe siècle (Bouglione, Gruss, Amar, ou plus récemment les Morallès).
L’émergence d’un nouveau cirque
Le déclin du cirque traditionnel à la fin des années 1960 a été déterminant dans l’histoire du cirque en France. De nombreuses compagnies font faillite suite à une désertion du public, désertion qui s’explique par 3 raisons :
- l’abandon des fauves et des animaux sauvages en général
- la généralisation de la radio et de la télévision. L’émission « La piste aux étoiles » propose même des numéros de cirque une fois par semaine gratuitement à la télévision.
- Les crises pétrolières, et ses impacts sur l’économie propre au cirque itinérant et aux moyens de transport utilisés.
Le déclin du cirque traditionnel laisse émerger un “nouveau cirque” ou “cirque contemporain”. Ce cirque casse les codes du cirque traditionnel, avec notamment la disparition de l’impératif du chapiteau et de la piste circulaire, la disparition des numéros de dressage (hormis les chevaux) et de Monsieur Loyal. Le spectacle est dorénavant conçu comme un ensemble cohérent plus que comme une série de numéros, et le cirque s’ouvre à d’autres disciplines (théâtre, danse, vidéo…). Dans les années 1980, le cirque passe du giron du ministère de l’Agriculture à celui de la Culture, et ce dernier soutient l’émergence du nouveau cirque.
La famille Fratellini et la première école de cirque en France
Une des pionnières de ce nouveau cirque porte le nom d’une des familles de cirque traditionnel : Annie Fratellini.
La famille Fratellini est une famille originaire d’Italie, dont trois frères, Paul, François et Albert, furent des clowns mondialement célèbres entre 1909 et 1940.
Au départ éloignée du cirque, Annie Fratellini (1932-1997) est comédienne et chanteuse. Grâce à sa rencontre avec Pierre Etaix (acteur, clown, magicien et dramaturge français), qui lui rappelle qu’en tant que Fratellini, elle est clown avant tout, elle revient aux premiers amours de sa famille. Au retour d’une tournée avec le Cirque Pinder, la fille d’Annie, Valérie (aujourd’hui directrice artistique de l’Académie Fratellini) leur dit : “Moi aussi, je veux faire du cirque !”. Ils réalisent alors qu’il n’y a aucune école de cirque en France.
Encouragés par leurs amis, Jean-Louis Barrault, Raymond Devos et Michel Serrault, Annie Fratellini et Pierre Etaix imaginent un projet d’école et désirent ouvrir le cirque aux autres arts.
Après deux ans de démarches, l’école de cirque Fratellini-Etaix, première de France, ouvre en 1974 dans une Maison pour les Jeunes au 20 Avenue Marc-Sangnier à Paris (XIVe arrondissement). L’école déménage en 1977 porte de la Villette sous un chapiteau bleu dans lequel il reste jusqu’à l’aménagement des nouveaux locaux en Seine-Saint-Denis. En 2003, l’Académie Fratellini voit le jour telle que nous la connaissons aujourd’hui.
L’académie Fratellini est un Centre de formation supérieure aux arts du cirque (CFA), qui délivre depuis 2015 le Diplôme national supérieur professionnel d’artiste de cirque (niveau licence) après trois années de formation. En plus des compétences de cirque, le programme pédagogique accorde une large place à la recherche et à la création artistique. Elle accueille 8 apprentis par année.
De nombreux grands noms du cirque d’aujourd’hui comme Jérôme Thomas, Pierre Meunier, Agathe Olivier et Antoine Rigot (les Colporteurs) Camille et Raphaëlle Boitel, Aloïse Sauvage, ont ainsi été formés à l’Académie Fratellini.
Le Centre national des arts du cirque (CNAC) et l’École nationale de cirque de Rosny-Sous-Bois (ENACR)
L’état soutenant l’émergence du nouveau cirque, le CNAC est créé en 1985 à l’initiative du ministère de la Culture et de la Communication, suivi de l’ENACR en 1988.
Ces deux écoles se sont associées afin de construire un parcours pédagogique commun permettant la délivrance du Diplôme national supérieur professionnel d’artiste de cirque après 3 ans d’études. La 1ère année se déroule à Rosny, puis la suite du cursus au CNAC.
Outre l’apprentissage des techniques de cirque traditionnelles, les élèves du CNAC s’ouvrent à toutes les disciplines : danse, théâtre, chant, magie nouvelle… Cette pluridisciplinarité permet de rendre toujours vivant et inventif le cirque contemporain. Chaque année, le spectacle de fin d’études du CNAC est confié à un metteur en scène différent et permet de mettre sur le devant de la scène tous le talent des jeunes étudiants avant leur envol professionnel.
Découvrir le spectacle de la 30e promotion du CNAC
Accueillant une quinzaine d’étudiants par année, Le CNAC participe à l’émergence de nouvelles générations d’artistes, des jeunes professionnels parmi les plus sollicités en France et à l’étranger. Parmi les anciens élèves du CNAC, nous pouvons citer Mathurun Bolze, Johann Le Guillerm ou Yoann Bourgeois. Certains ont aussi créé leur compagnie, le Cirque Aïtal, La Contrebande…
Le CNAC est également un centre de ressources d’une grande richesse (livres, vidéos, photographies, affiches…) autour du cirque.